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[1827, peinture, rapport Institut à AFR]Rapport de l'Institut sur les envois de 1827, peintureTYPE : [...]

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Dernière modification
01/12/2021 22:54 (il y a presque 3 ans)
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Description
[1827, peinture, rapport Institut à AFR]
Rapport de l'Institut sur les envois de 1827, peinture
TYPE : rapport de l'Institut de France à Académie de France à Rome
AUTEUR : Anonyme
TITRE : Rapport sur les ouvrages envoyés de Rome par MM. les pensionnaires de l'École royale de France de 1826
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1827
Descriptions
Transcription : 
[f°55] Paris, le [vide] 1827 / L'Académie, après avoir soumis au jugement de l'opinion dans une exposition publique les ouvrages d'étude qui chaque année sont imposés aux pensionnaires du roi de l'Académie de France à Rome, s'est fait la loi de rendre compte aussi au public dans cette séance, du jugement que les maîtres ont porté sur ces ouvrages. Cette critique, utile aux progrès des élèves auxquels elle est communiquée, a besoin peut-être aussi d'être rendue publique car souvent l'opinion prend le change dans ses jugements, sur la nature des ouvrages exposés, et y applique, faute d'en connaître l'esprit et le but, la mesure d'une critique qui ne saurait leur convenir. On entend souvent dire, et l'on répète que ces morceaux manquent de caractère, ou que leurs sujets et leurs compositions offrent peu d'intérêt. Ceux qui font de semblables critiques ignorent que les ouvrages des pensionnaires sont, avant tout, des travaux d'étude, dont les règlements prescrivent le genre, le caractère et l'étendue, selon les degrés que l'élève doit parcourir ; qu'on leur demande en général, dans des limites plus ou moins fixes, de faire connaître ce que l'étude du nu, chaque année, doit avoir ajouté à leur savoir, [f°55bis] sans toutefois exclure de ces travaux certains motifs susceptibles de donner quelque intérêt à leurs figures. Estimer et juger ces ouvrages, dans un sens absolu, par comparaison à des productions entièrement libres, serait comme si, dans une autre sphère d'enseignement, l'on jugeait les compositions des concours scolastiques du collège, d'après la mesure des harangues des discours des grands orateurs. / Une exception à cette règle, et qui en est une aussi aux travaux d'étude exigés des élèves pensionnaires, a paru cette année à l'exposition de leurs ouvrages et peut faire comprendre qu'il ne pouvait pas être dans l'esprit des règlements de prescrire des entreprises aussi étendues et qui ont besoin d'être justifiées, par le succès qui vient de couronner le zèle de M. Court, dans son grand tableau, ouvrage de sa dernière année, dont le sujet est : Marc-Antoine montrant au peuple la robe ensanglantée de César. Pour complément de ses travaux d'élève, M. Court a présenté le grand mouvement populaire qui eut lieu sur la place publique à Rome, lorsque Marc-Antoine montra au peuple assemblé les restes inanimés de César, et sa robe ensanglantée. M. Court n'a point redouté les difficultés que présentait son sujet et il en a surmonté un grand nombre avec beaucoup de succès. / La disposition de sa composition est neuve et entièrement de lui. Le sujet s'explique naturellement ; point de réminiscence dans l'agencement des groupes, point d'épisodes ni de figures parasites. Tout se meut et s'agite pour concourir au développement et à l'intelligence de la scène. Ce qui est remarquable dans ce grand tableau, c'est l'accent, l'aspect romain qui frappe au premier coup d’œil, et le peintre nous transporte sur la place publique à Rome. Nous ne cherchons pas dans les détails de cette vaste composition, les motifs de critique qui peuvent s'y trouver ; nous dirons à M. Court, car la vérité lui est due et il ne doit pas la craindre, nous lui dirons donc qu'il est à désirer qu'il cherche à mettre plus d'élévation dans le caractère de son dessin, que ses ombres sont dures et égales ce qui nuit à la profondeur et à la représentation de l'espace ; que ses draperies si bien traitées dans certaines figures, ne sont pas toujours dans d'autres aussi vraies, soit par l'agencement, soit pour la forme des plis. Nous lui dirons aussi qu'il est nécessaire qu'il étudie sur la nature la perspective linéaire [f°56] aérienne et la perspective dont ses seconds plans et surtout son fond manquent absolument. L'Académie se plaît à répéter les éloges dus à cet ouvrage vraiment historique ; elle l'opposera avec confiance aux détracteurs des études sérieuses. // M. Debay a représenté Philoctète abandonné par les Grecs dans l'île de Lemnos. Cet ouvrage ne manque ni de force, ni d'une certaine verve qui donnent beaucoup d'espérance, quand ces qualités se remarquent dans les productions d'un jeune artiste. Mais ici M. Debay a dépassé la ligne où ces qualités sont une vertu. Ses ombres sont noires et dures ; cependant sa figure est en plein air (à la vérité sous un ciel orageux) ; mais si elle se trouvait dans un lieu fermé où la lumière ne pénétrât que par une ouverture, les ombres ne seraient ni aussi tranchées, ni aussi obscures. M. Debay a voulu donner de l'héroïque et de la force à son dessin, mais il est tombé dans la boursouflure. Son dessin manque aussi de quelque correction, la tête est trop forte, les épaules sont trop larges, le corps est court et les hanches sont trop serrées. Cependant si toute la figure était peinte et dessinée comme le bras droit, l'Académie aurait beaucoup d'éloges à donner à ce tableau. Elle engage M. Debay à étudier dans les ouvrages de Michel-Ange, en quoi consiste le grand caractère et la force dans le dessin. Son Philoctète est trop fort de proportion. Cette figure manque en général de vérité et la proportion au dessus de grandeur naturelle augmente la grandeur du tableau, sans ajouter aux moyens d'étude. // M. Bouchot a, pour son 3ème envoi, peint Erigone, qui, en rêvant, croit embrasser le Dieu Bacchus. Ce tableau est d'un aspect et d'une couleur très agréable ; il est exécuté avec la douceur qui convient à un pareil sujet ; l'effet en est vif et piquant ; il est fâcheux que des incorrections majeures ôtent à l'Académie le plaisir de ne donner que des éloges à cet ouvrage. Le bras droit n'est point attaché au corps, et son poignet est trop renversé. Le corps au dessus des hanches est trop étroit, et il est trop large à l'attache des cuisses. Certains accessoires de ce tableau sont étudiés avec beaucoup de soin. L'Académie aurait préféré trouver ce degré d'étude dans les jambes d'Erigone et dans les draperies dont elle est légèrement couverte, plutôt que dans l'imitation du feuillage qui d'ailleurs est sur le second plan. [f°56bis] Ce tableau, nous le répétons, est très agréable, et appelle l’œil par le charme et l'éclat de la couleur ; il est de ceux qui ne peuvent manquer de trouver des acheteurs, et s'il était permis de croire que tel aurait été le but de l'auteur, nous dirons que ce ne doit pas être celui que se propose un pensionnaire de l'École de Rome. / Aristée pleurant la mort de ses abeilles. // L'Académie reconnaît que M. Larivière satisfait au règlement qui veut que pendant les trois premières années, les pensionnaires peignent une figure nue accompagnée de quelques accessoires. L'Académie aurait désiré que M. Larivière, par une pose neuve et d'heureux développements des beautés de la jeunesse, eût donné plus d'intérêt à ce tableau. Il n'en est pas ainsi. La pose manque de naturel, le corps penché n'est appuyé sur rien. La ruche est trop faible pour le soutenir, elle nuit à l'étude de la figure puisqu'elle en cache un bras et une partie du corps. Le dessin est timide et sans caractère. // Cyparisse mourant sur le cerf qu'il a tué par mégarde. M. Norblin a choisi pour sujet de son premier envoi Cyparisse mourant sur le cerf qu'il a tué par mégarde. Le ton général de ce tableau est suave : il est agréablement peint ; mais cette grâce, cette facilité de pinceau pourraient dégénérer en mollesse ; les chairs, les draperies, le paysage même, tout est exécuté de la même manière ; aussi cet ouvrage, quoique harmonieux et d'une bonne teinte, est froid et monotone. Le dessin manque de correction. La tête est trop longue ; on se rend difficilement compte de son attache avec les épaules. La partie supérieure du corps n'est point en harmonie avec la partie inférieure, où l'on trouve une cuisse, une jambe très bien dessinées. // L'Académie ne doute point qu'en étudiant les grandes peintures de Raphaël et de Michel-Ange, M. Norblin ne donne plus de force et de caractère à son dessin ; l'éclat de la lumière dans le pays où il se trouve, lui montrera aussi comment on parvient à obtenir de la saillie. Qu'il examine surtout la vigueur et la variété de couleurs que le soleil répand sur chaque objet. [f°57] Vue de la ville de Capri. M. Giroux a adressé à l'Académie sa première étude de paysage, qui d'après le règlement, doit consister, non dans une composition arbitraire, mais dans une vue d'un site quelconque. Il a choisi celle de la ville de Capri, prise dans l'intérieur de l'île du même nom. L'esprit du règlement n'est pas, que, dans ce qu'on appelle une vue, l'artiste se borne à un fac-similé d'un site vu à la chambre noire. M. Giroux s'est conformé à cet esprit, en se permettant ce qu'exige en ce genre l'art du portrait. Ainsi il a embelli son site de fabriques d'un bon choix, de groupes d'arbres d'une couleur vraie, d'une exécution facile et sans manière. Généralement toute la partie qui est dans la demi-teinte est bien peinte et bien reflétée du ciel. On aurait quelques observations à faire à M. Giroux, sur la manière dont il a traité la partie du terrain opposé, et comme il en est à sa première étude, on l'invite à soigner l'harmonie de ses effets et de ses travaux, et à ne suivre d'autre maître que la nature. [f°58] // L'Académie ne saurait trop recommander aux élèves pensionnaires à Rome, de porter dans leurs travaux ce fini d'étude qui fait voir qu'on a pénétré jusqu'au fond de l'imitation vraie et noble tout ensemble qui est le but de leur art. Ils ne doivent pas avoir en vue de faire encore briller ce qu'ils ont de talent dans des ouvrages indépendants, ou qui ne dépendent que de leur imagination. Les ouvrages d'étude commandés aux Pensionnaires, sont, il est vrai, les degrés les plus hauts de l'échelle classique qu'ils parcourent ; ils peuvent y faire entrer quelque chose du goût et du sentiment libre qui caractérisent les tableaux d'histoire ; mais ils doivent toujours avoir devant les yeux la tâche obligée de faire montre à chaque ouvrage, d'un progrès dans le dessin, la science du nu, la correction des formes et dans cette vérité dont l'expression fait connaître que l'Artiste cherche à avancer toujours de plus en plus dans la carrière sans borne de la perfection imitative.
Localisations
Cote / numéro : 
20180402/1-11, fol. 55-63
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, Institut à AFR, 1827, peinture£ Notice créée le 20/06/2002. Notice modifiée le : 08/10/2018. Rédacteur : Isabelle Loddé.
Rédacteur
Isabelle Loddé