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[1841, sculpture, rapport Institut séance publique annuelle]Rapport imprimé sur les envois des pensi [...]

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Dernière modification
15/03/2022 09:30 (il y a plus de 2 ans)
Type de document
Description
[1841, sculpture, rapport Institut séance publique annuelle]
Rapport imprimé sur les envois des pensionnaires, sculpture, 1841
TYPE : rapport de la séance publique annuelle de l'Académie des beaux-arts
AUTEUR : Raoul-Rochette, Désiré
PAGE DE TITRE : Institut royal de France, séance publique annuelle de l'Académie royale des Beaux-Arts, du samedi 2 octobre 1841, présidée par M. Garnier. Rapport sur les ouvrages envoyés de Rome par les pensionnaires de l'Académie royale de France, pour l'année 1841, par M. Raoul-Rochette, secrétaire perpétuel
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 02/10/1841
Descriptions
Transcription : 
M. BONASSIEUX. / L'envoi de cet artiste se composait de trois morceaux : une tête d'étude, dont l'exécution ne répond pas suffisamment au motif que l'auteur avait en vue ; une esquisse, qui satisfait encore moins à ce qu'on était en droit d'attendre du progrès de ses études ; et une statue en marbre qui devait à elle seule acquitter toutes ses obligations et justifier toutes les espérances qu'on se plaît à fonder sur son talent. // Malheureusement, cette statue est arrivée dans un état de mutilation à faire presque désespérer du succès d'une restauration qui permît de l'exposer au jugement du public et à l'examen de l'Académie. Cependant, le mérite qui apparaissait dans cet ouvrage a décidé l'Académie à faire entreprendre cette restauration, ne fût-ce que pour offrir à un artiste, frappé dans ce qu'il a de plus précieux par un accident si déplorable, un témoignage public de son intérêt et de son estime. L'opération a réussi, grâce aux soins qu'y a apportés la section de sculpture ; et la statue de M. Bonnassieux, réparée aussi bien qu'elle pouvait l'être dans un temps si court et en l'absence de l'auteur, a pu jouir des honneurs d'une exposition qui a justifié complètement l'impression favorable qu'elle avait produite à la première vue, et qui deviendra ainsi pour l'artiste la meilleure réparation de sa disgrâce. Sous le titre de l'Amour fidèle, M. Bonassieux a représenté l'Amour dans l'attitude de se couper les ailes. Ce n'est peut être pas là une idée bien antique ; mais, ce qui vaut mieux, il y a quelque chose d'antique dans la figure elle même. La composition en est originale et gracieuse ; l'exécution, pleine de vérité, se distingue par beaucoup de finesse jointe à beaucoup d'élévation. C'est donc une statue très remarquable, et à laquelle l'Académie se plaît à décerner tous ses éloges, trop faible indemnité pour un malheur qui, du moins, n'a frappé qu'un seul ouvrage de l'artiste, et qui laisse entier l'avenir de gloire promis à son talent. // M. OTTIN. M. Ottin a envoyé cette année la statue dont le modèle en plâtre n'avait pu faire partie de la dernière exposition. L'Académie, qui n'avait eu l'année passée que de faibles consolations à adresser à M. Ottin pour l'accident arrivé à sa figure d'une Danaïde, espérait qu'il la mettrait à même de lui offrir cette année un dédommagement plus digne de lui. C'est donc un véritable regret qu'éprouve l'Académie de ne pouvoir donner d'éloges à la statue de M. Ottin. Cette figure n'offre que l'exagération des formes d'Hercule, sans avoir rien du caractère élevé et noble de ce personnage. L'auteur sera plus heureux, quand il traitera un sujet de son invention, et qu'il pourra y mettre le talent qu'il a reçu de la nature et qu'il a cultivé à Rome. M. CHAMBARD. M. Chambard n'a pas aussi bien réussi dans son envoi de cette année que dans celui de l'année dernière, où l'Académie avait applaudi à un charmant motif de statue. Son Bacchus n'est qu'une réminiscence d'une statue antique, et malheureusement d'un antique médiocre. La figure est trop rejetée en arrière, ce qui lui donne un mouvement faux ; le torse est rond et mou, et les bras manquent totalement de vérité et d'étude ; la tête, qui est trop copiée de l'antique, est mal attachée au torse ; mais il y a du mérite dans les cuisses et dans les jambes, quoiqu'on puisse y trouver à redire aussi dans l'imitation trop précise de l'antique. // M. VILAIN. M. Vilain a envoyé un bas-relief de deux figures, représentant Thésée et Æthra. Cette sculpture n'a malheureusement rien du caractère et du style qui conviennent au sujet. Le Thésée, qui devait être représenté comme un adolescent, est un homme fait, sans aucune des formes d'un jeune héros. La composition entière est froide et sans intérêt ; et la figure d'Aethra est empruntée d'un bas-relief antique. On ne peut s'empêcher de le dire ; ce bas-relief de M. Vilain est un ouvrage qui n'offre ni sentiment, ni étude, et qui prouve que l'auteur n'avait pas, avant de s'essayer sur ce motif, cherché à se bien rendre compte des principales conditions du sujet qu'il voulait traiter. M. GRUYÈRE. M. Gruyère, pour son travail de première année, devait une copie en marbre d'une statue antique, à son choix, et de la grandeur de l'original. En choisissant le célèbre Faune du Capitole, une des répétitions antiques du Faune en repos de Praxitèle, l'artiste avait déjà fait preuve de jugement et de goût. Quant à ce qui lui est propre, l'exécution même de la figure, on n'a que des éloges à lui donner. La statue antique est reproduite, dans le marbre de M. Gruyère, avec toutes les qualités qui la distinguent ; et l'on doit savoir gré à l'artiste d'avoir, en restaurant le bras droit qui manque à l'original, substitué de son propre travail un bras dont l'exécution répond assez bien au mérite de la figure. C'est // une des meilleures copies d'après l'antique qui aient été exécutées par nos pensionnaires ; et c'est un nouvel ornement pour nos musées, qui prélude dignement à la carrière d'artiste de M. Gruyère. M. VAUTHIER. En choisissant pour sujet de sa copie un bas-relief antique trop dégradé, pour qu'il n'y eût pas beaucoup à faire afin de rendre cette copie satisfaisante, le jeune artiste s'est exposé à un danger dont il n'a pas su se tirer aussi heureusement qu'on pouvait le désirer ; car, d'ailleurs, on ne peut que lui savoir gré de cette intention même de s'exercer sur un antique qui laissait beaucoup à restaurer. Du reste, la copie de M. Vauthier n'est pas sans mérite ; il y a de la naïveté dans le travail et assez de fidélité dans le rendu, mais un peu de faiblesse et de timidité dans l'exécution. Quant à la médaille, elle est d'un bon choix et d'une bonne exécution, bien qu'on puisse y reprendre un léger défaut d'ensemble. L'Académie croit qu'il est de son devoir de prémunir nos jeunes statuaires contre l'entraînement qui les porte à exécuter en marbre des modèles qui n'ont pas encore subi l'épreuve rigoureuse et nécessaire de l'exposition publique. Le marbre, cette matière si précieuse qui nous a transmis tant de chefs-d'oeuvre de l'antiquité, semble ne devoir servir qu'à rendre des travaux sérieusement conçus et étudiés de même, dignes, en un mot, de passer à leur tour à la postérité. C'est un conseil que l'Académie adresse à nos pensionnaires, et // qui lui est dicté par l'intérêt même qu'elle prend à leur gloire et à leur fortune. Le choix de deux de ces figures en marbre, l'Hercule de M. Ottin et le Bacchus de M. Chambard, pourrait donner lieu à des observations d'un autre genre. Ces artistes se sont-ils suffisamment rendus compte de la difficulté réelle et du résultat probable de leur entreprise ? Ont-ils bien réfléchi à ce qu'un Hercule et un Bacchus, même exécutés avec tout le talent qu'on peut y mettre, ne sont plus pour nous que des marbres privés de l'existence morale qui donnait autrefois tant de prix aux images de ces divinités, indépendamment du mérite de l'art ? Les artistes modernes ne peuvent jamais être, pour représenter un Hercule et un Bacchus , dans des conditions aussi favorables que l'étaient les anciens artistes. La lutte entre les deux arts est trop inégale, quand elle est portée sur le terrain même de l'antiquité, au lieu de l'être dans le champ illimité de l'imitation ; et l'artiste le plus habile risquera toujours de trouver, au-dessus de l'antique qu'il aura produit, un véritable antique où le mérite de l'exécution sera relevé par l'originalité du style. Nous engageons nos jeunes sculpteurs à étudier les statues antiques ; mais ce n'est pas pour les copier ; c'est pour y apprendre comment les anciens s'entendaient à représenter tous les genres de nature, en y mettant toujours, suivant chaque sujet, la vérité des formes et l'élévation du style, et pour appliquer ensuite, dans des sujets de leur invention, dans des personnages de notre religion et de notre histoire, ce secret de l'antiquité surpris à l'école de l'antiquité même. En un mot, nous envoyons nos statuaires à Rome, pour qu'ils reviennent savants par l'étude et à l'exemple // des anciens, et non pas pour qu'ils refassent l'oeuvre des anciens ; car c'est désormais une entreprise aussi vaine qu'impossible.
Localisations
Cote / numéro : 
Paris, Bibliothèque de l'Institut, 4° AA 34 (usuel), 1840-1841, tome 13, p. 27-48 (1841)
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, procès-verbal, 1841, sculpture£ Notice créée le 06/03/2003. Notice modifiée le : 04/07/2018. Rédacteur : Hélène Marraud.
Rédacteur
Hélène Marraud