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[1823, peinture, rapport Institut primitif]Rapport primitif de l'Institut sur les envois de peinture [...]

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flechlei
Dernière modification
02/12/2021 10:46 (il y a plus de 2 ans)
Type de document
Description
[1823, peinture, rapport Institut primitif]
Rapport primitif de l'Institut sur les envois de peinture en 1823
TYPE : rapport de l'Institut de France - primitif
PAGE DE TITRE : Rapport fait par la commission sur les ouvrages des pensionnaires peintres envoyés de Rome
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1823
Descriptions
Transcription : 
[f°5, r°] [ajouté dans la marge : M. Hesse 1]. Othryades blessé à mort écrivant sur son bouclier [par] L'Académie se plaît à déclarer que l'auteur dans cet ouvrage annonce des progrès faits depuis le dernier envoi. Le sujet choisi par M. Hesse est parfaitement dans la nature de ceux qui se prêtent à la fois aux convenances d'un sujet d'étude et d'un sujet historique. Comme figure d'étude Othryades présente des lignes bien contrastées et un assez bon développement de formes. On trouve de la correction dans le dessin, mais cette correction est [rayé : compensée ; mis à la place : gâtée] par une certaine roideur de trait et une assez grande dureté d'exécution. La couleur des chairs ne serait pas répréhensible si le peintre n'eut pas abusé du noir dans ses ombres qui sont devenues par là trop dures, alors que ses demi-teintes ont une monotonie terreuse. L'expression du visage a de l'âpreté et il y règne une certaine contraction qui approche de la grimace, ce qui lui ôte tout sentiment de noblesse. Du reste le fond du tableau a paru bien entendu. [rayé : M. Hesse] Copie de la Descente de croix. M. Hesse aura sans doute appris dans la belle étude qu'il a faite en copiant la Descente de croix de Michelange de Caravage ce que c'est que de la vigueur de ton sans dureté, la force des [rayé : effets ; mis à la place : teintes] sans noir et sans crudité et comment [rayé : la] une exécution large, un pinceau moelleux peuvent s'accorder avec des effets [rayé : vigoureux et puissants] vigoureux et piquants. On ne peut que lui savoir gré du choix de cette étude. Sa copie doit être comptée parmi les meilleures de ce genre et elle est digne d'occuper une belle place dans l'une de nos plus belles églises. [ajouté dans la marge : M. Dubois] Copie d'un fragment de l'École d'Athènes. M. Dubois. L'Académie a vu avec intérêt de M. Dubois un dessin d'un fragment de l'École d'Athènes. on y a reconnu la pureté, la finesse et le caractère du dessin de l'original. Esquisse Mort de Thémistocle. On sait gré à M. Dubois de son exactitude à se conformer aux règlements par l'envoi de l'esquisse qu'on exige. Cette esquisse ne donne pas l'idée [générale] d'une [rayé : bonne ; mis à la place : excellente] composition [rayé : relative] [ajouté dans la marge puis rayé : on l'invite à la prochaine esquisse relativement à l'expression d'un sujet et quoique la marche comme composition ne soit pas mauvaise]. [rayé : La Marche en est bonne cependant on peut douter que le sujet qu'elle renferme y soit convenablement rendue]. On doute aussi que le style et l'ajustement des personnages répondent soit au caractère du pays, soit à la gravité [rayé : du sujet ; mis à la place de l'action]. Permis aussi de douter que la peinture puisse rendre bien clair et bien intelligible aux yeux un semblable sujet. [f°6, r°] [ajouté dans la marge : 3 de M. Coutan] Eresichton frappant de la hache sur un arbre consacré à Cérès / M. Coutan a paru soutenir dans cet ouvrage la très bonne opinion que son tableau d'Arion a donné de lui. L'Académie a vu avec plaisir le choix d'un sujet qui a donné à l'artiste l'occasion de montrer son talent dans un genre de nature, d'action et d'expression opposées à celles de son précédent tableau. L'Académie a trouvé fort bonne la pose de cette figure, son action aussi vigoureuse que juste et son attitude grandiose. Le haut du corps surtout est d'un beau dessin, la manière de peindre est large et le ton vigoureux. Les bras ont paru d'une exécution très correcte, la couleur en est riche et le maniement du pinceau n'y laisse rien à désirer. A partir du bas des cuisses, c'est-à-dire du dessus des genoux, on a trouvé quelque chose de moins vrai dans le système des formes et dans l'exécution du dessin. Il y a jusque dans le trait des pieds une pureté de trait qui semble de convention et qui ne répond pas à la manière tout à la fois choisie et de vérité naturelle du haut. Le fond est bien entendu de lignes et il y a un effet de lumière ramenée qui dénote de l'intelligence de la part de l'auteur. On a vu avec plaisir que cette figure réunit toutes les conditions d'une étude et pourrait encore tenir la place dans une composition historique. [dans la marge : 4 M. Court] Une scène du Déluge / Les règlements exigent de chaque pensionnaire peintre dans le cours de chacune des trois premières années de sa pension une figure peinte d'après nature et de grandeur naturelle. Rien à la vérité n'interdit la faculté d'en faire plus d'une dans le même tableau et il y a des exemples de ce surcroît de bonne volonté que l'Académie n'a point condamnés. Il en est de même du choix du sujet ou du motif historique que le pensionnaire est libre d'appliquer à la figure prescrite. Rien ne l'y oblige mais on sera porté à le louer de toute pensée ou intention puisée dans la fable ou l'histoire, qui sans nuire aux moyens d'étudier et aux développements d'une véritable étude, y ajoutera l'obligation d'une certaine noblesse inspirée par le titre du sujet ou du programme. Mais l'Académie doit prévoir l'inconvénient qu'il y aurait à faire des tableaux d'histoire au lieu d'études qu'on pourrait appeler simplement historiées. La Scène du Déluge par M. Court vient de porter cette confusion d'idées à un point qui en fait par trop sentir l'abus. L'Académie ne peut s'empêcher d'observer que cela sort entièrement de la lettre et de l'esprit des règlements. Il est impossible que l'esprit et l'attention de l'artiste dans un sujet compliqué ne se partage point entre ce qui peut faire le mérite d'un ensemble historique et ce qui doit faire celui d'une étude, c'est-à-dire de l'imitation spéciale de l'individu. Et c'est là ce que l'Académie a aperçu dans la scène du Déluge de M. Court, qui en donnant plus s'est exposé à donner moins qu'on ne lui demande. Non qu'il n'y ait dans la scène du Déluge des parties de nu d'un bon dessin et d'une étude louable, mais la pose de la figure principale, celle qui rentre le plus dans les obligations [rayé : du pens] de M. Court, a quelque chose dans son ensemble non seulement de forcé, mais encore de faux par l'effet du plan incliné [rayé : donné au terrain ; mis à la place : sur lequel elle est placée] ; le terrain est tellement glissant qu'elle ne saurait y tenir et encore moins y faire un effort qui ne la précipiterait que plus promptement. Il y a de l'exagération dans quelques flexions et dans plus d'une contraction des membres. La tension que semble éprouver le bras droit est beaucoup trop sensiblement exprimée. Il n'y aurait qu'un poids suspendu à sa main ou une force étrangère qui pût y produire la violence de cet effet. L'Académie pense que plusieurs de ces défauts proviennent de la prétention qu'a l'auteur en se donnant ce sujet de faire au delà d'une étude. On a observé encore que la lumière sur le dos de la figure principale est répandue sans variété et sans effet, en sorte qu'elle ne se détache pas assez du rocher qui lui-même a une clarté trop égale. La tête de l'homme est mal attachée ; elle est d'une couleur qui la rend ignoble et elle fait tache dans le tableau. Malgré ces défauts, l'Académie a trouvé de grandes espérances dans ce tableau. Il y a plus que cela ; il y a certainement de la science dans beaucoup de parties du dessin ; il y a de la fermeté dans le trait et celui des deux jambes annonce une connaissance vraie de la nature et une habileté à faire les choses difficiles qui promet pour l'année suivante dans un sujet plus simple un ouvrage pleinement satisfaisant. [f°7, r°] [rayé : Rapport de l'Académie sur les deux paysages envoyés par M. Rémond, pensionnaire à l'École de Rome.] [dans la marge : Paysage historique de M. Rémond] L'on trouve que le grand tableau de M. Reymond [sic], dont les figures représentent Cincinnatus tiré de la charrue pour être consul romain plaît au premier coup d’œil par l'ensemble et les contours de chaque plan, que le ciel est bien peint, que le nuage est de bonne forme et a de l'éclat, que les fabriques sont généralement bien peintes, ainsi que les terrasses dans des tons entremêlés de gris et de doré qui se font valoir. La composition du sujet principal est bien ; les figures sont bien dessinées et d'une bonne couleur ; il y a même quelques mouvements heureux quoiqu'elles manquent un peu de noblesse [ajouté puis rayé dans la marge : modifications un peu lourdes et peu nobles mais pourtant]. Nous croyons qu'il est de notre devoir, tant pour l'art que pour l'artiste, de prévenir M. Reymond [sic] sur le danger qu'il y a de se laisser aller à une trop grande facilité qui ordinairement dégénère en manière et nous croyons pouvoir ajouter que la lumière du nuage qui est éclairé de droite à gauche et venant un peu du fond du tableau n'est pas d'accord avec celle des fabriques puisqu'elles sont éclairées en face, c'est-à-dire du côté du spectateur ; elles sont d'une teinte trop forte et viendraient se confondre avec la partie du premier plan qui est au dessous [rayé : sans ; mis à la place : si] le fleuve [f°7, v°] [rayé : qui les ; mis à la place : ne les] séparait pas [rayé : qui d'ailleurs est ; mis à la place : les eaux ont paru être sur une ligne trop élevée] leur ton est trop clair et [rayé : fait ; mis à la place : elles sont peintes] d'une manière un peu trop négligée. [rayé dans la marge : les eaux sont sur une ligne trop élevée] / La lumière n'est pas assez vive sur la trop petite terrasse du premier plan où se trouve placée la charrue et l'arbre planté au même endroit n'est ni noble, ni d'une forme gracieuse et le petit bouquet de feuilles mortes était inutile puisqu'il fait une tache. La forme de la montagne sent la pratique et les contours en sont secs. Si nous revenons à parler de la composition de ce paysage, nous trouvons qu'il n'est pas vaste comme devrait l'être un pays de labour aux environs d'une grande ville. / Étude peinte d'après nature à Amalfi / Le site est d'un bon choix ; il y a du grand, les roches sont d'une couleur et d'une touche qui plaisent, mais la lumière du ciel et le ton clair du chemin se disputent, c'est-à-dire que celle du ciel n'est pas aérienne et celle du chemin n'est pas celle d'un corps solide. Les montagnes ont un peu de sécheresse et sont un peu trop bleues. L'on pourrait peut-être dire de cette imitation que c'est plus fini qu'une esquisse, pas assez pour un tableau, mais surtout moins vrai qu'une étude peinte d'après nature quand elle est faite par un peintre comme M. Reymond [sic] qui est si bien maître de son pinceau et c'est par cette raison qu'on doit l'engager à n'en pas abuser.
Localisations
Cote / numéro : 
Académie des beaux-arts, 5 E 14
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, primitif, 1822, peinture£ Notice créée le 13/06/2002. Notice modifiée le : 28/02/2018. Rédacteur : Isabelle Loddé.
Rédacteur
Isabelle Loddé