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[1880, sculpture, rapport Institut procès-verbal]Rapport sur les envois de sculpture de 1880TYPE : r [...]

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02/12/2021 10:47 (il y a plus de 2 ans)
Type de document
Description
[1880, sculpture, rapport Institut procès-verbal]
Rapport sur les envois de sculpture de 1880
TYPE : rapport de l'Institut de France - officiel
AUTEUR : Guillaume, Eugène
PAGE DE TITRE : M. Guillaume, au nom de la section de sculpture, donne lecture du rapport suivant sur les envois de Rome de 1880 : Séance du samedi 17 juillet 1880
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 17/07/1880
COMMENTAIRE : Les archives de l'Académie de France à Rome (carton 101, f° 62-67) présentent une version manuscrite conforme au rapport du procès-verbal.
Descriptions
Transcription : 
[p. 347] Rapport sur les envois de Rome. / Section de sculpture. / M. Hugues pour son travail de dernière année a envoyé un groupe représentant : une mère jouant avec son enfant. L'aspect de cet ouvrage n'a point paru satisfaisant à l'Académie. La masse en est mal équilibrée et il n'a pas le charme que réclamait le sujet. La nature présente continuellement et avec un agrément toujours nouveau les jeux d'une mère avec son enfant. Mais ici l'intention du badinage n'est pas heureusement choisie. L'enfant manque de grâce ; l'âge de la mère, sa nudité presque complète, la manière dont elle est assise sur un coussin ne satisfont point le goût. L'exécution ne rachète pas ce défaut : elle manque de vérité. / M. Hugues a joint à ce groupe une esquisse en haut relief qui a pour sujet : la défense de Paris. Là aussi l'idée n'est pas bien exprimée : elle ne s'explique que difficilement et les interprétations auxquelles elle pourrait prêter seraient certainement en contradiction avec les intentions de l'auteur. / D'ailleurs ce sujet n'est point de ceux que les pensionnaires doivent aborder dans leurs études à Rome. Considérée au point de vue purement sculptural, l'esquisse de M. Hugues qui rappelle, comme donnée, les trophées de l'arc de l'Étoile, n'offre point une masse suffisamment intelligible et les plans n'en sont pas bien entendus. En résumé, les efforts de M. Hugues n'ont pas été, cette année, couronnés du succès que l'Académie était en droit d'attendre. Mais si l'Académie s'est montrée sévère pour cette fois, elle n'oublie pas que M. Hugues a toujours été un pensionnaire zélé et qu'il a été le plus souvent mieux inspiré et plus heureux. M. Injalbert pensionnaire de 4e année. / M. Injalbert présente aussi au jugement de l'Académie son envoi de dernière année. C'est une statue en marbre : L'amour présidant à l'hyménée. L'artiste, c'était son droit, a pris son sujet du côté gracieux. Mais, même envisagée à ce point de vue, l'intention demandait à être plus élevée. Il y a dans toute l'expression de cet ouvrage quelque chose d'équivoque qui en rabaisse la signification. Mais sa statue offre de bons morceaux d'exécution. Le torse et les bras sont bien dessinés et modelés avec finesse. Cependant la tête laisse beaucoup à désirer : elle est vieille et grimaçante. Mais le mal n'est pas sans remède ; le marbre n'est pas achevé et peut être faiblement modifié. M. Injalbert est sculpteur habile et l'Académie s'en remet à son talent de faire disparaître, particulièrement aux pommettes et au menton, quelques accents exagérés qui déparent son oeuvre. M. Lanson pensionnaire de 3e année. / M. Lanson devait pour sa troisième année une tête d'étude et une esquisse en bas-relief. A la place d'une simple tête M. Lanson envoie un terme de grande proportion qui représente l'Étude. Certes on ne peut que louer le zèle de l'artiste ; il faut aussi rendre justice à son oeuvre qui a de la puissance et qui dénote une souplesse d'exécution remarquable. Mais la tête qui est la partie essentielle du travail n'a point paru à l'Académie présenter un type assez élevé, ni être suffisamment étudiée. Pour son esquisse en bas relief M. Lanson a pris son sujet dans le roman archéologique de Salambô [sic] dont il a essayé de réunir les principaux épisodes dans une composition entassée et qui, si l'on en juge par le relief, ne doit prendre toute sa valeur que lorsqu'elle sera exécutée en métal. En faisant la part de cette intention et de ce que les rehauts de l'argent et du bronze pourront ajouter à l'oeuvre en la rendant plus intelligible, il faut reconnaître que la donnée en est confuse et très difficile à comprendre. L'Académie pense encore que le sujet n'est pas de ceux que les pensionnaires doivent s'exercer à traiter. M. Cordonnier pensionnaire de 2e année. / Un passage touchant de l'histoire de Jeanne d'Arc, le plus émouvant sans doute, a inspiré M. Cordonnier : " Nous l'entendions dans le feu, dit la Chronique, nous l'entendions invoquer ses saints, son archange. Elle [p. 348] répétait le nom du Sauveur. Enfin laissant tomber sa tête, elle poussa un grand cri : Jésus ! ". / C'est assurément un fort beau sujet, mais il ne répond pas à ce qu'exigent les règlement qui veulent que l'envoi de seconde année consiste en une figure nue ; Comme donnée première la statue de M. Cordonnier est donc tout à fait en dehors de l'ordre des études. Quant à l'oeuvre prise en elle-même elle est d'un sentiment intéressant ; mais l'exécution de la tête et des bras manque de l'énergie que réclamait le sujet. / Le bas-relief esquisse que le même pensionnaire devait encore pour son envoi et qu'il a en effet donné représente trois sujets de l'histoire de Jeanne et sert en ceci de complément à sa statue. L'Académie regrette d'avoir à dire que ces compositions n'ont pas suffisamment le caractère historique et qu'elles sont beaucoup trop pittoresques. / Au sujet de l'envoi de M. Cordonnier comme à propos des travaux qu'elle vient déjà d'examiner, l'Académie croit devoir faire observer aux pensionnaires sculpteurs combien il leur est préjudiciable de sortir de la voie des pures études. Le règlement l'a tracée avec l'autorité de l'expérience et au mieux de l'intérêt des jeunes artistes. Il ne prétend point les retenir dans les chemins battus. Mais en s'attachant à des sujets qui ne comportent pas l'application de leurs premières études, ils résistent en quelque sorte à l'influence du milieu privilégié dans lequel ils sont placés, ils s'exposent à ne pas développer leur talent et à rester au dessous des espérances que leurs débuts avaient justement données. M. Grasset pensionnaire de 1ère année. / Le premier fruit du séjour de M. Grasset à Rome est un bas-relief dont le sujet est Dédale et Icare. Le Jeune Icare impatient de prendre son vol s'élance déjà, tandis que son père achève de lui ajuster les ailes. Il y a de la vie dans cet ouvrage. L'idée est bien rendue, sauf quelques négligences surtout dans le jeune homme ; l'exécution est vraie et robuste. L'Académie pourrait présenter des observations sur la saillie extrême que l'artiste a donnée à ses personnages et faire remarquer que l'entente des plans est [p. 349] une partie considérable de l'art du bas-relief. Mais elle préfère constater que au point de vue l'étude de la forme, M. Grasset est en bonne voie. / La copie en marbre de l'enfant à l'oie est au contraire un travail des plus répréhensibles : ce n'est pas même l'oeuvre d'un praticien digne de ce nom. Cette partie essentielle de l'envoi du pensionnaire de première année a un triple objet : mettre un jeune sculpteur directement aux prises avec une statue antique, l'exercer au travail du marbre, lui permettre de s'acquitter dans une certaine mesure envers le gouvernement puisque la copie en marbre lui est destinée. M. Grasset semble avoir oublié tout cela : il a montré un égal dédain pour son modèle, pour son travail professionnel et pour les obligations qu'il a contractées envers l'État. L'Académie a le regret d'avoir à le lui témoigner.
Localisations
Cote / numéro : 
Académie des beaux-arts, 2 E 16, p. 347-349
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, procès-verbal, 1880, sculpture£ Notice créée le 18/08/2002. Notice modifiée le : 18/10/2018. Rédacteur : Guillaume Peigné.
Rédacteur
Guillaume Peigné