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[1853, sculpture, rapport Institut séance publique annuelle]Rapport imprimé sur les envois de sculpt [...]

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Dernière modification
15/03/2022 09:30 (il y a environ 2 ans)
Type de document
Description
[1853, sculpture, rapport Institut séance publique annuelle]
Rapport imprimé sur les envois de sculpture de 1853
TYPE : rapport de la séance publique annuelle de l'Académie des beaux-arts
AUTEUR : Anonyme
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1853
Descriptions
Transcription : 
M. PERRAUD Une statue en marbre d'Adam, d'environ sept pieds de proportion, est l'ouvrage qui couronne la pension de cet artiste. Au premier aspect de cette figure, on est frappé du caractère puissant qu'elle présente ; mais cette impression n'est peut-être pas celle qui s'accordait le mieux avec le sujet. // L'attitude fière que M. Perraud a donnée à son Adam n'est pas celle qui convenait au père des hommes, humilié sous la colère divine et le caractère athlétique de la forme n'est pas non plus le genre de nature qui fût propre au personnage. Il est certain aussi que le tronc d'arbre noueux qui s'adapte au soc de charrue, placé comme il l'est entre les jambes de la figure cause de l'embarras dans la composition de cette statue. Mais après ces observations qui nous sont dictées par l'importance même de l'ouvrage, nous dirons avec plaisir que cette statue est généralement empreinte d'un cachet remarquable et qu'elle offre une somme d'originalité digne d'éloges. Nous pourrions en outre y signaler de belles parties d'exécution et remarquer la puissance de vie et de modelé que l'artiste a su y répandre. C'est en présence de ces qualités et en considération d'un marbre exécuté avec ce nerf et avec cette chaleur que nous croyons pouvoir exprimer le voeu que le gouvernement fasse l'acquisition de cette statue qui complète si dignement la série très variée des études de M. Perraud. M. THOMAS Ce pensionnaire devait, pour son travail de quatrième année, le modèle d'une figure de sa composition et l'esquisse d'un groupe en ronde-bosse. Mais le modèle qui doit être exécuté en marbre pour le travail de cinquième année a dû nécessairement rester à Rome et l'esquisse seule a pu faire partie de l'envoi. Elle a pour sujet Les Adieux d'Hector et d'Andromaque. Cette scène qui pouvait être touchante est rendue sans chaleur et le costume qui devait être homérique // n'est pas observé. Cette esquisse laisse donc beaucoup à désirer. Cependant, elle est disposée avec goût et elle est assez heureuse dans quelques-uns de ses aspects. M. GUMERY Ce pensionnaire qui devait, pour ses travaux de seconde année, la copie en marbre d'une statue antique et une tête d'étude exprimant un sujet a satisfait à ses obligations et il est même allé au-delà en envoyant en plus un bas-relief en marbre dont le sujet, Le Jeune malade, lui a été inspiré par des vers d'André Chénier. Nous n'avons que des éloges à donner au choix de la statue et à sa copie qui est généralement satisfaisante. Mais nous regrettons que M. Gumery se soit borné à reproduire les jambes qui sont une restauration moderne et défectueuse au lieu de les restaurer lui-même, comme c'est le voeu du règlement. La Tête d'étude est désignée comme une Matrone romaine. Mais ce n'est là qu'une désignation trop vague en présence du règlement qui demande que la tête exprime un sujet, c'est à dire qu'elle offre une pensée morale ou poétique qui s'adresse à l'imagination. La tête d'étude de M. Gumery ne remplit pas cette condition et considérée sous le rapport de l'étude même, nous regrettons d'avoir à dire que cette tête est modelée avec mollesse et qu'elle manque de vérité. Après avoir reconnu dans l'envoi du bas-relief en marbre de M. Gumery une preuve de zèle, nous voudrions pouvoir y signaler aussi une oeuvre de talent. C'est ce que nous serons // heureux de faire, mais non sans quelques restrictions après avoir averti M. Gumery d'une fausse application qu'il a donné à ses études. En conseillant à nos jeunes statuaires de puiser leurs inspirations dans les belles productions de l'art antique, l'Académie ne leur recommande pas le moins expressément de rester fidèles à leur sentiment propre et de conserver cette précieuse indépendance de goût, première condition de l'originalité. C'est ce que semble avoir oublié M. Gumery en exécutant un ouvrage qui n'est que l'imitation des bas-reliefs grecs, notamment dans les draperies et c'est surtout dans l'intérêt de ce jeune artiste que nous insistons sur cette observation, pour qu'il se hâte de ressaisir son individualité qu'il avait abdiquée un moment et qu'il suive son propre sentiment en s'inspirant de l'antique sans le copier. D'ailleurs la composition de cet ouvrage quoique habilement agencée ne répond pas à l'intérêt du sujet ni au sentiment de l'amour maternel. Le caractère des formes que l'artiste a données à ses personnages et le rapprochement des âges n'y expriment pas la physionomie différente d'une mère et de son fils. Mais à part ces observations, nous louerons avec plaisir l'étude vraie qui se remarque dans quelques parties des nus de ce bas-relief et nous y signalerons aussi une exécution consciencieuse qui est d'un heureux augure pour l'avenir du talent de M. Gumery. M. BONNARDEL Le premier fruit des études de ce pensionnaire à Rome est un bas-relief qui a pour sujet Le Massacre des Innocents. // Il n'entre pas dans les intentions de l'Académie de prescrire à nos jeunes statuaires un genre de sculpture qui ne soit pas d'accord avec leur sentiment particulier qu'elle les engage au contraire à cultiver avec tout le soin possible. Nous ne reprocherons donc pas à M. Bonnardel le choix de son sujet bien que l'Académie eût préféré qu'il se fût plutôt exercé sur le domaine de l'art antique. Mais le bas-relief de cet artiste donne lieu à une observation plus importante qui s'adresse à tous nos jeunes statuaires aussi bien qu'à M. Bonnardel : c'est que la peinture et la sculpture sont deux arts qui bien que rapprochés par une grande affinité, s'exercent pourtant dans des conditions qui leur sont propres et qui ont tout à perdre par des empiétements de l'un sur le domaine de l'autre. Le bas-relief de M. Bonnardel nous a paru exécuté hors des limites de la sculpture autant par la multiplicité de ses plans que par leur défaut d'entente et de clarté et ce défaut général n'est pas racheté, il faut bien le dire, par le mérite de l'exécution qui pèche, dans les têtes surtout sous le rapport de l'expression et du modelé. Ces observations nous sont surtout dictées par le vif intérêt que nous portons au talent de M. Bonnardel, dont le premier envoi de Rome avait besoin d'un avertissement utile et ce devoir rempli, nous dirons avec plaisir que certaines parties bien modelées surtout dans la figure de l'enfant, nous laissent toutes les espérances que nous avait fait concevoir le début de cet artiste. // M. CRAUK Cet artiste appelé à jouir d'une pension de trois années, a satisfait à ses obligations en envoyant un bas-relief qui a pour sujet un Monument à Pradier. L'Académie ne pouvait qu'être touchée du sentiment qui portait notre jeune pensionnaire à rendre hommage à la mémoire d'un grand statuaire qui fut notre confrère. Mais nous pouvons dire aussi qu'elle eût désiré que le résultat répondît plus complètement à cette généreuse intention. Ce n'est pas que la composition de ce bas-relief ne soit assez satisfaisante, bien que conçue dans un motif qui n'a pas assez de nouveauté et qui ne rappelle pas assez les qualités du talent de Pradier. On peut dire aussi que la figure qui représente la Sculpture manque de la gravité qu'elle devait offrir et que celle du Génie n'a pas non plus le caractère qui lui convenait. Mais nous nous hâtons d'ajouter que cette figure est vraie, bien modelée et d'un bon choix de forme et que celle de la Sculpture présente aussi quelques bonnes parties d'étude. En résumé, l'ouvrage de M. Crauk est généralement conçu et exécuté avec goût et fait bien augurer des futurs envois de son auteur. Avant de terminer ce compte rendu des travaux de la sculpture dont la statue de M. Perraud forme à tous égards l'objet le plus important, nous aimons à faire remarquer que la figure en marbre qui couronne la série des études du pensionnaire, nous arrive maintenant de Rome entièrement achevé. Déjà, l'année dernière, nous signalions ce progrès ; cette année encore, nous sommes heureux de le // constater et en même temps que nous y voyons un juste sujet d'applaudir au zèle de nos jeunes pensionnaires, nous y trouvons un résultat qui honore l'intelligence et ferme direction de ce bel établissement. // En terminant ce compte-rendu où nous n'avons pas épargné à quelques uns de nos pensionnaires les conseils sévères et les avertissements utiles, nous éprouvons plus que jamais le besoin d'exprimer le sentiment qui nous les a dictés, celui de l'intérêt que nous portons à l'avenir de leur talent. À la moindre déviation que nous croyons apercevoir dans la marche de leurs études nous sentons s'émouvoir pour eux toute notre sollicitude et nous nous faisons un devoir d'opposer à une tendance qui peut n'être encore qu'irréfléchie mais qui pourrait leur devenir funeste, les leçons de notre expérience : heureux si nos conseils sont entendus, si nos avertissements sont suivis et si l'effet de nos soins est de maintenir cette belle école de Rome, source féconde de gloire pour les jeunes talents qui s'y forment et pour le pays qui la dote si généreusement dans les vieilles traditions d'études sérieuses qui peuvent seules assurer sa prospérité et répondre au noble but de son institution.
Localisations
Cote / numéro : 
Paris, Bibliothèque de l'Institut, 4° AA 34, 1853, tome 23, p. 31-42
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, procès-verbal, 1853, sculpture2£ Notice créée le 10/08/2004. Notice modifiée le : 04/07/2018. Rédacteur : Florence Colin.
Rédacteur
Florence Colin