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[1875, peinture, rapport Institut primitif]Rapport primitif de l'Institut sur les envois de 1875, pe [...]

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02/12/2021 10:47 (il y a plus de 2 ans)
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Description
[1875, peinture, rapport Institut primitif]
Rapport primitif de l'Institut sur les envois de 1875, peinture
TYPE : rapport de l'Institut de France - primitif
AUTEUR : Baudry, Paul
PAGE DE TITRE : Rapport procès-verbaux sur les envois de Rome, 1875. Peinture
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1875
Descriptions
Transcription : 
M. Morot (première année) / Étude de jeune fille / Le premier envoi de M. Morot est d'un heureux augure pour l'avenir du jeune artiste. L'exécution de cette étude a du charme. Nous louons particulièrement la partie supérieure de la figure, l'expression délicate et fine du visage, le mouvement qui a une grâce naïve, [rayé : bien exprimée] sauf à exprimer le regret que M. Morot en attribuant trop d'importance aux détails du paysage ne se soit pas souvenu des exemples, en pareil cas, fournis par les grands maîtres. Si l'Académie n'a guère que des éloges à donner à l'étude peinte par M. Morot, elle ne peut être également satisfaite des dessins qui complètent son envoi. Ces dessins sont ou négligés dans l'expression des caractères essentiels de l'original, comme celui qui reproduit un fragment de la Messe de Bolsena, ou trop minutieusement traités comme l'étude d'après la Vénus de Milo. L'Académie recommande aux pensionnaires de première année de se rendre un compte à part de l'esprit dans lequel a été conçu l'article du règlement relatif à l'envoi par eux de dessins d'après les peintures des grands maîtres et d'après un morceau de sculpture, soit statue, soit bas-relief. De pareilles études sont nécessaires au développement d'un talent sérieux. C'est dans le rapport qui existe entre divers chefs-d'oeuvre de l'art et l'immuable beauté de la nature qu'un jeune artiste trouvera le secret du beau et un stimulant pour ses propres inspirations. Le règlement n'impose donc aux pensionnaires qu'une obligation conforme à leur véritable intérêt. M. Ferrier, deuxième année / Bethsabée / L'envoi de M. Ferrier [rayé : présente plusieurs parties remarquables ; mis à la place : se recommande par des qualités de plus d'un genre]. L'ordonnance générale de la scène qu'il a traité est bonne et plusieurs parties offrent, au point de vue de l'exécution et du coloris, des mérites remarquables, bien que certaines imperfections [rayé : de détails] puissent être, çà et là, relevées, bien qu'il y ait lieu de constater quelque noblesse de dessin dans les silhouettes et surtout l'effacement de ce caractère précis que la nature livre à qui sait la voir. Tout en signalant avec plaisir les qualités brillantes dont M. Ferrier a fait preuve, l'Académie engage le jeune artiste à redoubler d'efforts pour réagir contre cette tendance à l'expression un peu incertaine de la forme et de ses aspects caractéristiques. M. Toudouze, deuxième et troisième année / La mort d'Agamemnon / Le tableau de M. Toudouze semble, [ajouté : quant à la nature des intentions exprimées], procéder des violences du drame moderne plutôt que des sévères inspirations de la tragédie antique. Le théâtre grec a souvent traduit les fureurs de la passion humaine, mais les orages qu'il déchaîne restent dans les hauteurs et relatent, pour ainsi dire, en plein ciel. Il [rayé : ne s'accommode pas de la recherche des effets ; mis à la place : répugne aux effets vulgaires, à l'étalage des réalités brutes], il rejette dans l'ombre la hache de l'assassin, les convulsions ou le sang de la victime, tout ce qu'il fait est moins bien du domaine de l'art que de celui de la sensation. La peinture à son tour doit [rayé : ill. ; mis à la place : s'interdire l'emploi de moyens analogues et chercher ses principaux éléments d'influence] dans une vérité d'élite, dans la noblesse de la composition et du style. [rayé : Si un tableau est bien ordonné ; mis à la place : Elle n'a nul besoin pour] déterminer l'effet qu'il s'agit de produire, de recourir à une mise en scène compliquée, à une combinaison laborieuse des détails. Si un tableau est bien ordonné, ces détails s'y mettront d'eux-mêmes à leur vraie place. M. Toudouze ne paraît pas s'être suffisamment pénétré de l'importance de ces conditions. En raison d'une erreur [ajouté : de goût] dans l'arrangement même du tableau, le cadavre d'Agamemnon ne produit pas l'effet tragique que l'artiste eût pu tirer du mouvement et de l'expression de la tête, s'il ne s'était pas condamné à la représenter en raccourci. Si quelques parties du vêtement de Clytemnestre offrent un heureux agencement, la physionomie de la figure est théâtrale. Enfin l'attitude d'Egisthe est peu conforme au caractère du personnage. Il convenait de ne pas oublier que ce meurtrier ceignit le diadème et qu'il occupa le trône jusqu'au retour vengeur d'Oreste. L'Académie a le devoir de prémunir M. Toudouze contre les dangers des influences qu'il subit et qui pourraient compromettre son talent. Les éléments divers que les études archéologiques ou littéraires fournissent à un artiste ne sont certes pas à dédaigner, mais un peintre doit se rappeler que le principal objet de l'art est l'image même de l'homme et que le reste ne saurait avoir dans une oeuvre pittoresque qu'une place et une fonction accessoires. Dans l'esquisse dont le sujet est la captivité de Samson, M. Toudouze semble s'être préoccupé [rayé : outre mesure] des détails au risque de laisser un peu vague les lignes générales qui devaient [rayé : accentuer et ; mis à la place : caractériser et accentuer la scène], comme dans sa copie d'après Paul Véronèse, il s'est laissé aller à affaiblir la franchise des tons employés par le grand coloriste vénitien. Nous conseillons à M. Toudouze de mieux utiliser les qualités d'observation originale dont il est doué et l'habileté de la main dont il dispose. L'Académie est heureuse d'en reconnaître les témoignages dans les ouvrages qu'il a envoyé, à côté d'imperfections qu'elle avait le devoir de mentionner et qu'elle signalait au jeune artiste en vue de son intérêt le plus cher. M. Lematte, quatrième année / Oreste / M. Lematte termine par cet envoi ses travaux à la villa Médicis. L'Académie ne peut qu'applaudir à la grandeur de l'effort tenté et à l'élévation de la pensée qui a inspiré cet ouvrage. Elle loue l'ensemble de la composition, le caractère original de l'effet. Si l'exécution n'est pas toujours à la hauteur des idées qu'elle traduit, il ne semble pas douteux que M. Lematte qui est encore très jeune n'acquière ce qui peut lui manquer encore du côté de l'expérience ou de la sûreté dans la pratique. Après avoir signalé les qualités remarquables qui recommandent ce tableau, il faut dire à M. Lematte qu'il aurait pu tirer un meilleur parti de son groupe des Furies et qu'en donnant à celles ci des chevelures blondes il a affaibli l'expression romantique de ces figures, de ces Erynnés que les poètes de l'Antiquité nous dépeignent livides, noires, effilées comme les vipères qui se tordent dans leurs cheveux, tandis que conformément à la tradition mythologique ils nous représentent sous des cheveux blonds les déesses dont la beauté rayonne dans le ciel païen. Le cadavre de la reine produit un effet saisissant et cet effet heureusement n'est pas entaché au prix d'un sacrifice dans le sens de la beauté. Clytemnestre aussi bien qu'Hélène apparaît dans la fable et dans la poésie comme un type de beauté et de jeunesse, même longtemps après la naissance d'Oreste. M. Lematte a bien fait de rester sur ce point fidèle à la légende grecque. Quant à la figure d'Oreste, elle offre des effets de lumière bien rendus, mais la tête manque un peu de cette ardeur juvénile, nerveuse qui convient au personnage. Oreste - les vases grecs en font foi - est d'une nature robuste mais fine, élégante. [rayé : On pourrait rappeler à ce propos que, parmi les modernes, un grand poète qui a parfois des éclairs de génie antique, ne donne pas à Hamlet les dehors robustes d'un athlète, et qu'il nous le montre au contraire pâle, agité, débile. Tous les traits de l'Oreste scandinave ne conviennent pas sans doute à l'image du héros grec, mais il y a entre l'un et l'autre au point de vue du tempérament au moins, une certaine analogie qui eût pu, dans le cas présent, être opportunément étudié par l'artiste]. L'Académie, malgré ces réserves, signale les excellentes qualités dont M. Lematte a fait preuve dans son tableau. Elle est unanime pour appeler l'attention de M. le Ministre sur les travaux de ce pensionnaire et pour le recommander à sa haute bienveillance.
Localisations
Cote / numéro : 
Académie des beaux-arts, 5 E 52
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, primitif, 1875, peinture£ Notice créée le 16/06/2002. Notice modifiée le : 06/04/2017. Rédacteur : France Lechleiter.
Rédacteur
France Lechleiter