[1836, sculpture, rapport Institut primitif 2]Rapport primitif de l'Institut sur les envois de 1836, [...]

Messieurs, Votre section de sculpture, se conformant à vos intentions, s'est assemblée afin d'examiner l'envoi des pensionnaires sculpteurs. [rayé : Aujourd'hui] elle vient vous soumettre son rapport auquel se trouve joint l'examen de l'envoi du pensionnaire graveur en médailles. Sculpture M. Husson pour sa cinquième année a envoyé un groupe [ajouté : en marbre] et un buste [ajouté : aussi] en marbre. [rayé : Le groupe représente ; mis à la place : Le sujet est indiqué] L'Offrande à Dieu d'une âme repentante. Cet ouvrage se fait remarquer par le charme [rayé : de la ; mis à la place : d'une] composition pleine de naïveté et d'une [rayé : douce] expression [ajouté : douce], il est étudié avec soin [rayé : et vérité]. L'Académie se plaît à reconnaître que M. Husson a fait de grands progrès depuis ses derniers envois. // [ajouté en marge : voir la minute de M. Garnier] Toutefois sans rien vouloir diminuer des éloges que mérite cet ouvrage, il fait naître une réflexion tendant à donner lieu de craindre que les élèves trop imitateurs l'un de l'autre ne se livrassent pas assez à leurs propres sentiments. La section pense que les ailes de l'ange [rayé : sont ; mis à la place : ont paru] trop surbaissées et devraient être attachées plus près de la partie supérieure de [rayé : l'omoplate ; mis à la place : l'épaule]. Les mains [rayé : de la même figure] laissent à désirer quelques [rayé : finesses ; mis à la place : délicatesse] d'étude et l'on a trouvé un peu de lourdeur dans le genou droit. À la figure nue et agenouillée, on désirerait également plus d'étude dans l'exécution de la main placée sur la poitrine, ainsi que dans les genoux et surtout dans les pieds. [rayé : M Husson n'étant plus pensionnaire nous croyons devoir nous abstenir de plus de minutieuses observations.] Le buste en marbre du même auteur est bien modelé, d'une bonne exécution et contribue à rendre son envoi très remarquable. M. Jouffroy pour sa troisième année // a envoyé une esquisse qui a pour sujet Jupiter endormi dans les bras de Junon. M. Jouffroy ne s'est pas pénétré des qualités indispensables à un groupe de ronde-bosse, dont les différents aspects doivent être heureusement composés, il a tout sacrifié à la face principale qui cependant nous paraît défectueuse. L'attitude [rayé : un mot ill. ; mis à la place : gênée] du Jupiter dont le bras droit placé sur sa tête ne nous paraît pas motivé est loin d'exprimer l'état de sommeil que M. Jouffroy à voulu rendre et Junon n'est pas animée par le sentiment [rayé : artificieux et] vigilant qui pouvait contraster heureusement avec le repos du dieu. Les faces latérales manquent totalement d'intérêt. Nous ajouterons que cette esquisse étant d'une grande dimension, demanderait plus d'étude dans les détails. M. Jouffroy devait en outre envoyer un figure de plâtre, mais cet ouvrage n'a pu faire partie de l'envoi, attendu qu'il était sous les points pour être exécuté en marbre. M. Simart pour sa deuxième année // a envoyé un bas-relief qui a pour sujet Minerve enseignant à l'homme à attacher les boeufs à la charrue, modelé en plâtre et une tête de Christ étude. La composition de ce bas-relief a de la froideur et le jeune homme semble trop indifférent aux leçons de la déesse. L'exécution a paru lourde et les draperies de la Minerve ont trop d'uniformité. Le bras gauche de la même figure ayant trop peu de saillie paraît entrer dans le corps ; les plans de cet ouvrage ne sont pas gradués comme le demanderait l'ingénieuse entente du bas-relief qui ne pouvant avoir la réalité de la nature doit cependant produire un certain degré d'illusion. Nous avons remarqué de la vérité dans l'étude du jeune homme et cet ouvrage est dans la voie du bon goût. Nous nous plaisons à croire que les envois prochains de M. Simart réaliseront les espérances que ses succès dans les concours et son envoi précédent [rayé : nous ont fait concevoir ; mis à la place : ont fait espérer.] La tête du Christ du même auteur manque [rayé : d'expression ; mis à la place : de l'expression convenable] et d'étude. Cependant elle a de la noblesse et un caractère de grandeur. // M. Briant [sic] pour sa troisième année devait envoyer une statue de saint Sébastien et un buste d'homme, tête d'étude. M. le Directeur, dans le tableau général de l'envoi fait savoir que M. Briant [sic] ayant été malade n'a pu terminer ses travaux pour l'exposition de Rome mais qu'il espérait les faire parvenir à Paris assez à temps pour qu'ils pussent [rayé : faire partie de ; mis à la place : se trouver à ] l'exposition des envois des pensionnaires. Les ouvrages n'étant pas arrivés, M. le Directeur en fera probablement connaître plus tard la raison. M. Oudiné graveur en médailles comprenant que la base essentielle de son art est l'étude de la sculpture a envoyé avec son travail de quatrième année et en plus de ses obligations, une étude de ronde-bosse grandeur naturelle ayant pour sujet un gladiateur blessé ; cet ouvrage a fait grand plaisir par le naturel de la pose et la vérité de l'étude. On pourrait reprocher à l'exécution de la mollesse et de la rondeur dans plusieurs parties et surtout dans les mains et les pieds. Nous avons remarqué // que M. Oudiné a fait de grands progrès depuis ses derniers envois. À la suite du rapport votre section de sculpture croit devoir vous soumettre une réflexion qui résulte de l'examen général de l'envoi et lui a paru pouvoir intéresser l'Académie. Nous avons remarqué non seulement dans cet envoi, mais // encore dans celui qui a précédé que plusieurs élèves, donnant à leurs ouvrages un caractère semblable, paraissent se traîner sur les pas de tel ou tel maître, et semblent imbus de doctrines exclusives. Nous croyons que renonçant à toute influence d'École, les élèves feraient mieux dans l'intérêt de leur avenir de se livrer à leurs propres inspirations et de s'efforcer d'acquérir un talent d'autant plus appréciable qu'il aura un caractère d'originalité et sera leur propre bien. Si nos craintes étaient fondées nous prierions l'Académie de vouloir bien les prendre en considération et adapter telle mesure qu'elle jugera convenable, pour prémunir les élèves contre les funestes effets d'une imitation // trop précise qui tendrait à paralyser leurs dispositions naturelles. [signé : Gille aîné, Ramey père, David, Cortot, Petitot, Nanteuil, Ramey fils]