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[1848, peinture, rapport Institut à AFR]Rapport sur les envois de peinture de 1848TYPE : rapport de [...]

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01/12/2021 16:18 (il y a plus de 2 ans)
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Description
[1848, peinture, rapport Institut à AFR]
Rapport sur les envois de peinture de 1848
TYPE : rapport de l'Institut de France à Académie de France à Rome
LIEU DE REDACTION : Paris
DATE : 1848
Descriptions
Transcription : 
[f°70] Si c'est pour l'Académie un devoir souvent pénible de tempérer par des avertissements sévères les éloges qu'elle voudrait pouvoir accorder sans restriction aux travaux de nos jeunes artistes, c'est aussi pour elle une bien douce obligation d'avoir à proclamer la satisfaction que lui fait éprouver l'envoi de cette année ; car, en signalant chez presque tous nos pensionnaires des études sérieuses, des progrès remarquables, et des efforts inspirés par un véritable amour de l'art, l'Académie n'a pas seulement le bonheur de rendre justice au zèle et au talent de quelques artistes ; elle y trouve encore un légitime sujet d'orgueil et de reconnaissance pour une institution, telle que celle de notre école de Rome, qui, à travers toutes les vicissitudes du goût et toutes les révolutions de la société, maintient si heureusement, comme dans un sanctuaire inviolable, les saines traditions de l'art, et en mûrissant tous les germes du talent, développe toutes les espérances de l'avenir. // M. Biennoury / Le Mauvais riche, dont la pensée a été fournie à l'artiste par l'évangile de saint Luc, est un tableau qui présente une belle disposition et un ensemble très remarquable. L'exécution est ferme, le dessin correct et vrai, et la peinture se distingue encore par une grande richesse de tons et par beaucoup d'harmonie. Ce sont là les qualités principales qui recommandent l'oeuvre de M. Biennoury ; et auprès [f°70 bis] de ces qualités, qui sont celles auxquelles on reconnaît l'habile peintre, les éloges que l'Académie pourrait donner à chaque figure en particulier, surtout à la figure de l'Ange gardien et à celle du Pauvre, dont l'intention est si bien sentie, deviendraient presque superflus. Encore moins conviendrait-il de se livrer à des observations qui ne porteraient que sur des détails peu importants. L'Académie aime mieux s'en tenir à l'expression générale de la satisfaction qu'elle éprouve, en présence d'un tableau où la pensée morale est rendue d'une manière si neuve et si originale, et qui couronne si dignement une suite de travaux, tels que ceux qui ont rempli la pension de M. Biennoury, et par lequel cet artiste a constamment fait preuve d'application de talent et de progrès. // M. Damery / M. Damery a exécuté, pour son travail de quatrième année, la copie d'un fragment de l'École d'Athènes, de Raphaël. Cette copie est excellente sous tous les rapports ; elle reproduit le caractère du modèle, et elle représente la fresque originale de manière à faire illusion. C'est un ouvrage auquel il n'y a que des éloges à décerner. Quant à l'esquisse de M. Damery, c'est un objet que l'Académie a vu avec autant de surprise que de peine, et sur lequel elle s'abstient d'exprimer une opinion, attendu qu'elle ne regarde pas cette esquisse comme étant de la peinture. // M. Barrias / Au lieu d'une simple figure d'étude, qui était son travail obligé de troisième année, M. Barrias a envoyé un tableau représentant un Gaulois captif à Rome, avec une jeune fille qui partage sa captivité. Le tableau de M. Barrias n'est pas sans mérite sous le rapport de la composition, qui offre de l'intérêt. La figure de la jeune fille a bien aussi l'expression du sujet ; mais celle du Gaulois est d'une exécution molle, d'un modelé rond, et le dessin manque d'élévation et de caractère. À tout prendre cependant, l'Académie se plaît à louer l'effet général du tableau de M. Barrias. L'esquisse du même artiste représente, d'après le titre qu'il lui a donné la paix et la liberté proclamant la fraternité des peuples. Mais, si telle a été son intention, nous nous bornerons à dire qu'elle n'a pas été rendue, et nous nous permettrons d'ajouter que la composition nous paraît plus bizarre que pittoresque. Le tableau des Sirènes de M. Barrias est de mauvais goût, le sujet y est mal rendu, il est faible de dessin et de couleur, et il annonce une tendance à se rapprocher de l'École de Louis XV, contre laquelle on ne saurait trop prémunir un artiste, qui suivait la voie de la nature et qui avait fait [f°71] preuve d'un talent vrai et sérieux. // M. Léon Bénouville / L'Achille de ce pensionnaire est une très belle étude, d'un dessin pur, et dont l'exécution a droit à tous les éloges. La tête surtout est d'une expression remarquable ; et l'on regrette seulement de ne pas trouver, dans toutes les parties de cette figure, l'élévation et l'élégance de formes d'un Achille. // M. Cabanel / L'Ange déchu de M. Cabanel est une figure dont le mouvement est faux, le dessin incorrect, et l'exécution maigre ; et ce qui pourrait inspirer de l'inquiétude pour le talent de l'artiste, et ce qui motive l'avertissement qu'on lui donne, c'est qu'il semble avoir craint de s'inspirer de l'étude sincère de la nature, hors de laquelle il n'est point de salut pour l'art. On insiste sur cette observation précisément parce que le début de M. Cabanel avait fait concevoir les plus heureuses espérances, que l'Académie se plaît toujours à conserver, en même temps qu'elle reconnaît avec plaisir que la figure ne manque pas de caractère, et qu'elle a quelque chose de grand dans la donnée première. Cette année, nos jeunes pensionnaires ont satisfait à l'obligation, qui leur est imposée par le règlement, d'exécuter des dessins d'après l'antique et les grands maîtres ; et ici encore, l'Académie n'a que des éloges à donner à leur travail. Les dessins de M. Léon Benouville sont d'une exactitude et d'une fidélité qu'on ne saurait trop louer. On y sent surtout à quel point l'artiste s'est [f°71bis] pénétré du caractère du maître. Quant aux dessins d'après des têtes de la colonne Trajane, qui sont fort bien exécutés sans doute, mais qui ne représentent que des fragments, l'Académie se borne à dire qu'elle eut désiré un autre choix. Les dessins de M. Cabanel se recommandent par les mêmes qualités que l'on vient de louer. C'est le même respect pour le maître, la même conscience qui a guidé la main de l'artiste, et l'Académie est heureuse de proclamer, chaque fois qu'elle en trouve l'occasion, le bonheur qu'elle éprouve à voir, dans les travaux de nos jeunes artistes, les preuves de ce qu'elle appelle la religion de l'art, de cette application sérieuse, de cette étude sévère, qui renferment tout l'avenir de notre école. // M. Achille Bénouville / Le site du cap Circé, qui fait le sujet d'une des études de ce pensionnaire, est une vue bien représentée ; la couleur en est belle, l'exécution essentiellement vraie, ferme et digne d'éloges à tous égards. L'Académie se plaît à signaler les progrès qu'elle a remarqué dans le talent de M. Achille Bénouville, sous le rapport de la vérité et de la puissance d'exécution. Le paysage de Salmacis a droit aux mêmes éloges. Le site en est bien choisi et rendu avec autant de fidélité que de talent ; le sujet en est assez parfaitement d'accord avec le site ; et ces éloges acquièrent encore plus de prix à raison de l'importance supérieure du tableau. Au lieu de simples figures peintes, qui étaient son travail obligé, M. Achille Bénouville a envoyé un tableau où ces figures sont encadrées dans un paysage. Les figures sont d'un dessin vrai et naïf, et d'un beau ton, et le paysage, bien que d'une moindre importance, se recommande par les mêmes qualités. On ne peut donc que savoir gré à l'artiste, et de qu'il ajoute à ses obligations, et de qu'il les remplit avec talent.
Localisations
Cote / numéro : 
20190152/1-19, fol. 70-75bis
Source
source : Institut national d'histoire de l'art (France) - licence : Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne
Base Envois de Rome FMP, fichier Documents.fp7, notice : £Rapport envois, Institut à AFR, 1848, peinture£ Notice créée le 26/10/2002. Notice modifiée le : 25/10/2017. Rédacteur : Pierre Serié.
Rédacteur
Pierre Serié