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La galerie Voltaire tenue par Jean-Louis Souffrice est fréquentée sous l’Occupation par Walter Andreas Hofer, Walter Bornheim, Josef Angerer et Josef Mühlmann.


Jean-Louis Souffrice naquit le 1er février 1900. Il épousa Antoinette Ayrault le 9 février 1935. Depuis 1930, il était antiquaire et vendait des meubles, des tableaux et surtout des statues. Il assumait la fonction de gérant de la galerie Voltaire située au 33 Quai Voltaire à Paris. Il était également titulaire de la qualité d’expert près les Douanes françaises. Souffrice étant mobilisé de septembre 1939 à septembre 1940, sa galerie ne rouvrit qu’à la fin de l’année 19401. À la date du 1er septembre 1939, il résidait au 11 rue du Bois-de-Boulogne. Il déménagea en avril 1942 pour habiter au 10 bis avenue de la Grande-Armée.

Lors du constat effectué par les douanes chez Souffrice le 3 janvier 1946, les contrôleurs signalèrent 14 ventes effectuées par lui à des clients allemands2. À Walter Andreas Hofer, il vendit en 1944 notamment Sainte Ursule demandée en mariage du Maître d’Albocasser, à destination d’Hermann Göring, pour la somme de 250 000 F3, une sculpture de Sainte Barbe pour 90 000 F, Nymphe et Satyres du XVIIe siècle pour 110 000 F et une sculpture de Clodion4. Des reçus de vente furent trouvés chez Walter Bornheim pour un total de 1 972 000 F en provenance de la galerie Voltaire5.

Souffrice était en relation régulière avec Hofer et Bornheim et perçut également des commissions sur des ventes conclues avec eux pour les musées allemands6. D’après les fiches de la Roberts Commission, il reçut une fois la visite d’Hermann Göring et travaillait aussi avec Josef Angerer et Josef Mühlmann7. À ce dernier, il vendit plusieurs tableaux du XVIIe siècle8. Des traces existent également de ventes réalisées par lui avec Maria Dietrich9.

Le Comité de confiscation des profits illicites jugea que la réalisation de ces ventes à la commission auprès des Allemands avait été recherchée par Jean-Louis Souffrice, estimant qu’elles avaient été volontairement omises dans la comptabilité. De même, le comité réfuta la notion de ventes effectuées sous la contrainte, arguant de la possibilité dont aurait disposé Souffrice de refuser ces ventes. Il lui eût en effet été possible de s’appuyer sur l’obligation légale de régler par chèque, non respectée pour les ventes considérées comme illicites10.

Jean-Louis Souffrice fut soumis à une confiscation et à une amende d’un montant total de 1 234 890 F par le Comité de confiscation des profits illicites11. La Commission nationale interprofessionnelle d’épuration décida le 7 juillet 1947 de classer l’instruction ouverte sur son activité pendant la période de l’Occupation12.