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Spécialisée dans les porcelaines et faïences anciennes, la galerie Vandermeersch réalisa quelques ventes au profit de différents musées allemands ainsi que du marchand d’art berlinois Hans Lange. Après la guerre, les poursuites entamées à son encontre par la Commission nationale interprofessionnelle d’épuration et la Cour de justice du département de la Seine furent rapidement abandonnées.


La galerie Vandermeersch, spécialisée dans les porcelaines et faïences anciennes, fut fondée en 1880 par le réparateur et antiquaire Louis Auguste Vandermeersch (10 mars 1861 - 19 mai 1925) au 31 bis rue des Saints-Pères dans le VIe arrondissement de Paris. D’une première union avec Jeanne Broustet, Auguste Vandermeersch eut deux enfants, une fille, Suzanne, née le 14 octobre 18891, et un fils, Georges, né le 14 décembre 18982. Le 27 septembre 1911, ayant divorcé de sa première épouse, le marchand d’art se remaria avec Yvonne Poirier, dont il avait eu un fils hors mariage, Pierre Poirier, né le 12 mars 1904 dans le Ve arrondissement3. À partir du 1er octobre 1938, la société en nom collectif « Vandermeersch et Cie » sous-loua un fonds de commerce situé au 23 quai Voltaire4.

Sous l’Occupation, la galerie familiale fut dirigée par Georges Vandermeersch. Mobilisé au début de la guerre, le marchand ne rouvrit sa galerie qu’au cours des premiers mois de l’année 1941, suite aux prescriptions du gouvernement de Vichy5. Des documents de Schenker prouvent que la galerie Vandermeersch a réalisé des ventes au profit des musées allemands6. Le directeur du musée de Düsseldorf se présenta chez lui pour faire l’acquisition de pièces allemandes destinées à rappareiller ses collections. Le 29 janvier 1941, la société Vandermeersch fit ainsi expédier une trentaine de porcelaines à la Kunstsammlung der Stadt Düsseldorf7. Dans son mémoire en défense, Georges Vandermeersch indique avoir vendu des objets destinés aux musées de Sarrebruck, de Düsseldorf, d’Elberfeld à Wuppertal, de Cologne, ou au musée du Palatinat8. Hans Lange, marchand d’art berlinois, fit également partie de ses clients. En 1942, Georges Vandermeersch lui vendit pour la somme totale de 833 500 F des objets provenant de la vente de la collection d’Armand Esders qui s’était déroulée à l'Hôtel Drouot l’année précédente9. Toutes les ventes effectuées sous l’Occupation par la maison Vandermeersch furent par ailleurs soumises au contrôle de l’administration française selon la loi du 25 juin 1942 alors en vigueur10.

Pierre Vandermeersch figure en tant que marchand suspecté de collaboration sur des listes dressées par les Américains sous l’Occupation. Sur l’une d’entre elles, datée du 23 novembre 1943, son nom est en effet assorti d’un symbole signalant qu’il semble être de fiabilité douteuse11. Il s’agit très probablement du dernier fils du fondateur de la galerie, né de la liaison de son père avec Yvonne Poirier en 1904. Résidant dans le VIe arrondissement, l’homme indique en effet la profession d’antiquaire à l’occasion de son mariage le 27 juillet 194212.

Après la guerre, la galerie, représentée par Georges Vandermeersch, fit l’objet d’une enquête auprès de la Commission nationale interprofessionnelle d’épuration. Le dossier fut cependant classé le 27 janvier 1947, le marchand ne semblant pas avoir cherché à entrer lui-même en contact avec les occupants. L’antiquaire fit également l’objet d’une citation devant la Cour de justice du département de la Seine, qui aboutit aussi à un non-lieu13. La maison Vandermeersch jouissait déjà avant la guerre d’une solide réputation sur le marché des faïences et porcelaines en France comme à l’étranger, elle se trouve encore aujourd’hui entre les mains de ses héritiers et est installée au 21 quai Voltaire.