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Sous l’Occupation, menacé par les lois antisémites, Alfred Klein confie son commerce de tableaux à Berthe Casse, qui vend plusieurs tableaux saisis par l’ERR, obtenus de Gustav Rochlitz.


De nationalité tchécoslovaque, né le 3 juin 1896 à Lučenec d’Isidore et de Lustig Betty, Alfred Klein émigra en France à l’âge de 25 ans en 1923. Il travailla comme électricien avant de devenir vers 1927-1928 marchand de tableaux, 19 rue de Penthièvre dans le VIIIe arrondissement de Paris. Étant juif, il réalisa au début de la Seconde Guerre mondiale une vente fictive de son magasin à Berthe Casse, couturière, née le 25 septembre 1897. Elle géra son commerce sous l’Occupation et en devint associée après la guerre1.

Klein se souvient : « Comme elle ne connaissait rien aux tableaux, je venais au magasin en me cachant et j’examinais les tableaux pour donner mon avis. » D’après Klein, Casse reçut plusieurs tableaux de Gustav Rochlitz, mais se contredit sur leur nombre et les artistes concernés et prétendit lui en avoir retourné certains ; il citait : trois Matisse, un Braque et un Picasso mais pas de Renoir. Ignacy Rosner lui confia également deux tableaux qu’il aurait repris ensuite2. Dans un de ses premiers interrogatoires, Klein évoque le Christ jaune de Gauguin, sans que l’œuvre soit mentionnée par la suite3.

D’après Rochlitz, les tableaux provenaient de trois échanges différents avec l’Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg (ERR) en mars, juillet et décembre 1941 : Klein avait acquis après les échanges de mars et de juillet une Femme orientale de Matisse pour 50 000 F et Deux nus de Renoir, puis après celui de décembre, Académie, Composition avec figures et Étude de femme de Matisse4. Pour les échanges de mars et juillet 1941, Rochlitz avait prétendu que ces tableaux étaient issus de collections allemandes. Concernant les tableaux de l’échange de décembre 1941, Klein ne pouvait cependant ignorer leur provenance, d’après Rochlitz : « Tout Paris à ce moment savait qu’il s’agissait de tableaux spoliés qui provenaient de l’ERR5. »

Klein reconnut finalement avoir vendu trois tableaux de Matisse provenant de l’échange de Rochlitz avec l’ERR en décembre 1941 : Académie, Étude de femme et une Composition avec figures6. Dès la Libération, il remboursa les derniers acquéreurs de ces trois tableaux et les œuvres furent restituées à Paul Rosenberg en 19467.

Selon Casse, c’était pour le compte de Rosner que Klein avait vendu à Monsieur Berthet pour 200 000 F le tableau de Matisse Femme à l’ombrelle et elle reçut 10 000 F de commission8. Cette toile fut ensuite mise aux enchères à l’hôtel Drouot le 9 mars 1942, retirée de la vente, puis envoyée en Suisse par l’intermédiaire de Jean Metthey, voisin de Berthet et expert lors de la vente aux enchères. L’œuvre fut restituée à Paul Rosenberg en 19489.