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Étienne Bisson est l’associé en affaires de Hugo Engel, il prend la direction officielle de l’entreprise commune sous l’Occupation en raison des origines juives de Engel, tandis que ce dernier poursuit ses activités d’expertise et de prospection sur le marché pour le compte de Karl Haberstock.


Étienne Bisson travaille pour la société Hugo Engel, fondée le 25 juillet 1938 par Hugo Engel (qui en détenait 48 parts) et Étienne Bisson (2 parts), en tant que marchand de tableaux. Pendant l’Occupation, il est domicilié dans l’appartement loué par cette société au 72, boulevard de Courcelles à Paris. Il en est successivement l’associé, puis le gérant à partir du 20 septembre 19401, date à laquelle Engel est contraint de céder ses parts, étant « israélite » de nationalité autrichienne2. La société Hugo Engel devient la galerie É. Bisson le 10 mai 19443. Le 25 juin 1946, il est remplacé par l’ancien gérant, qui reprend la majorité des parts (37 sur 40)4. Au cours de la période de l'Occupation, Engel est cependant autorisé par les services allemands à fournir des services d’expertise et de prospection pour Karl Haberstock5, lui permettant de sauver sa vie. Engel est en effet considéré comme « aryen » par le Commissariat général aux questions juives6. En outre, il continue à participer au commerce de la société Hugo Engel tout au long de la Seconde Guerre mondiale7.

Bisson n’est pas directement cité devant le Comité de confiscation des profits illicites à l’issue de l’Occupation, mais il est déclaré solidaire des bénéfices de la S.A.R.L. Hugo Engel, citée elle-même pour « ventes à l’ennemi ». Dans un rapport d’enquête du 16 juillet 1948, l’enquêteur propose la solidarité de Bisson pour la confiscation et pour l’amende mises à charge de la société, étant donné qu’il a bénéficié d’une partie des profits réalisés par la société8. Cette décision est notamment motivée par la considération que la comptabilité tenue par Bisson est erronée, ce dont il se défend vivement, indiquant dans le rapport de défense de la société Engel que « M. Bisson, gérant, a exigé les noms des acheteurs, qu’ils soient français ou allemands, et les a inscrits sur son registre. Comme il s’agissait d’acheteurs de passage payant comptant et emportant eux-mêmes le tableau, il eut été facile à M. Bisson de faire figurer en regard de la sortie, un nom fantaisiste mais français9 ». Il invoque ainsi la sincérité de la comptabilité tenue10.

Cependant, cette décision est revue par le Conseil supérieur de confiscations des profits illicites en 1954, jugeant que les opérations traitées par Bisson avec les Allemands étaient soumises à la contrainte par des menaces de déportation. Il diminue donc la valeur des profits faisant l’objet de la confiscation et de l’amende qui lui était assortie11. Révision dont ne bénéficie plus Bisson, décédé le 11 août 1950.